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Pourquoi attribuons-nous une signification si profonde à l’inconscient ?



Nous nous sommes proposés d’approfondir cette question du conscient et des couches plus profondes, l’inconscient : et nous nous demandons pourquoi existe cette division, celle qui sépare l’esprit conscient centré sur ses propres activités, ses soucis, ses problèmes, ses plaisirs superficiels, son gain quotidien et ainsi de suites, des couches plus profondes de ce même esprit avec ses motivations, ses élans, ses pulsions, ses craintes cachées. Pourquoi ce clivage ? Est-ce parce que nous sommes tellement pris superficiellement par nos éternels bavardages, nos exigences de surface, notre désir de divertissement, d’amusement religieux et autres ? Parce que l’esprit superficiel ne peut absolument pas creuser, pénétrer profondément en lui-même tant que surgissent de telles divisons.

Quel est le contenu des couches profondes de l’esprit ? - Non pas selon les psychologues, Freud et ainsi de suite - comment allez-vous tenter de le découvrir, n’ayant pas recours aux lectures, oeuvres d’autrui ? Comment allez vous révéler ce qu’est votre inconscient ? Vous l’observerez n’est-ce pas ? Ou bien allez-vous attendre de vos rêves qu’ils vous en interprètent tout le contenu ? Et qui va traduire vos rêves ? Les expert ? -Eux aussi sont conditionnés selon leur spécialisation...

Il existe - nous nous servirons de ce mot pour le moment - un inconscient. De quoi est-il fait ? Du passé évidemment ; ... Tout cela est caché, obscur, voilé ; peut-on s’attendre à ce que ce soit découvert et dévoilé... Sans aller trouver un psychanalyste ? ... Pour le découvrir... il nous faut prendre conscience dans le courant de la journée de toutes les suggestions, de tous les signaux que nous adresse la vie. Ceux-ci ne peuvent être saisis qu’au fil de nos rapports quotidiens ; si vous observez la nature de ces rapports avec les autres, sans rien condamner, sans rien censurer, sans rien soupeser ; quand vous observez simplement comment vous vous comportez, quelles sont vos réactions ; quand vous constatez cela sans aucun penchant personnel ; simplement en observant de façon à ce qu’au cours de la journée, tout ce qui est inconscient et caché soit exposé à la lumière.

Pourquoi attribuons-nous une signification si profonde à l’inconscient ?
Après tout, sa nature est aussi triviale que celle du conscient. Si l’esprit conscient est extraordinairement actif, s’il observe, s’il écoute, s’il voit, alors il prend beaucoup plus d’importance que l’inconscient ; dans l’état dont je parle tous les contenus de l’inconscient sont exposés et la division qui sépare les différentes couches franchie. Vous observez vos réactions quand vous êtes assis dans l’autobus, quand vous parlez à votre femme, à votre mari, quand vous êtes dans votre bureau, que vous écrivez, que vous êtes seul, si toutefois vous êtes jamais seul - alors toute cette observation, cette façon de voir exempte de toute division entre l’observateur et la chose observée, voilà qui met fin à la contradiction.

Le vol de l’aigle
Fragmentation, chapitre 2, Londres, 20 mars 1969
trad. A. Duché, Paris, Delachaux et Nieslé, 1988, p. 37-40.



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