Assis sur la plage et regardant les gens qui passent, deux ou trois couples puis une femme seule, il semble que toute la nature autour de nous, depuis la mer bleue et profonde jusqu’aux hautes montagnes pierreuses, que tout communie dans cette observation. Nous regardons sans attendre d’événement, observant sans but. Et cette observation inclut l’acte d’apprendre, non par l’accumulation presque mécanique du savoir, mais par ce regard si proche, à la fois profond, vif et tendre, où l’observateur n’existe plus. Quand l’observateur est là, il n’est que le passé qui observe ou voudrait le faire, mais n’est capable que d’un souvenir dévitalisé.
L’observation, elle, est vibrante de vie, chaque seconde lui est disponible. Toutes les créatures, les petits crabes, les mouettes et les oiseaux en vol sont aux aguets. Ils cherchent des proies, du poisson, quelque chose à manger. Quelqu’un passe tout près et se demande ce que vous regardez. Vous ne regardez rien et ce rien contient toutes choses.
J. Krishnamurti
Dernier Journal
Vendredi 6 mai 1983 (p.122-123)