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Si un homme est honnête et que les autres sont malhonnêtes comment peut-il continuer dans un pays brutal et destructeur ?



Interlocuteur : Monsieur, si un homme est honnête et que les autres sont malhonnêtes comment peut-il continuer dans un pays brutal et destructeur ?

Krishnamurti : Comment peut-on être honnête, si l’autre est malhonnête ? - Et comment peut-on être honnête dans un tel pays brutal et destructeur ? Demande un petit garçon. Est-ce que vous comprenez l’implication de cette question ? Ce petit garçon est préoccupé par son avenir, l’avenir que vous, de l’ancienne génération, avez construit. Vous êtes responsable de ce monde brutal et destructeur, et ce garçon dit : « Dois-je grandir dans cela ? » Donc déjà pour lui il y a le désespoir et la peur de faire face à ce monde monstrueux que l’ancienne génération a construit. Je crois que vous devriez avoir les larmes aux yeux.

Il demande : si on est honnête et que les autres sont malhonnêtes, que doit-on faire ?

On ne peut pas faire n’importe quoi envers un autre. Ce que l’on peut faire, c’est d’être honnête en dépit de la malhonnêteté autour de soi. Si vous êtes honnête parce que d’autres sont honnêtes, c’est malhonnête, car alors votre honnêteté est une chose rentable, qui conduit à votre progression, et ainsi vous devenez malhonnête. Messieurs, dans ce pays, comme ailleurs, il y a beaucoup de corruption, à la fois intérieurement et extérieurement ; mais quand on n’est pas corrompu intérieurement, aucun niveau de corruption extérieure ne peut toucher cette qualité intérieure de l’esprit qui n’est pas corrompu.

Si je vous aime parce que vous me haïssez, ou si je vous aime parce que vous me donnez de la nourriture, des vêtements et un abri, ou parce que vous me donnez du plaisir, psychologique ou sexuel, y a-t-il amour ? Alors à la question qu’a posée ce jeune garçon, savoir si l’on peut être honnête dans ce monde malhonnête - il découvrira la bonne réponse quand il sera complètement honnête avec lui-même. Alors, cela n’aura pas d’importance, qui est honnête ou qui est malhonnête.

Mais la responsabilité de ce monde brutal et destructeur n’est pas son affaire ; il est de la responsabilité des personnes plus âgées. Ce qui relève de notre affaire, c’est de veiller à ce qu’il soit éduqué de façon juste - pas simplement à passer quelques examens stupides, à ajouter quelques lettres après son nom, qui lui permettent d’obtenir un emploi dans un pays surpeuplé comme celui-ci. Notre affaire est de veiller à ce qu’il ait vraiment une bonne éducation, de sorte que intellectuellement et dans ses sentiments, il devienne mûr. Il ne deviendra pas mûr en lisant des livres et en recueillant les idées d’autres personnes, mais en étant intellectuellement libre de penser, d’observer, de raisonner, objectivement, avec précision, sainement. Cette éducation est quelque chose de total, de tous azimuts, pas uniquement la culture de la mémoire. Cela signifie qu’il sache qu’il est en contact avec la nature, avec les arbres, avec les oiseaux, les fleurs, avec la rivière - et parce qu’il est en contact avec la nature, il est en contact avec les êtres humains. Alors, peut-être, pourra-t-il créer un monde qui ne soit pas destructeur, qui ne soit pas brutal.

Collected Works - VARANASI - 3ème causerie aux étudiants - 17 décembre 1967



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